Quand, nous ne connaissons rien d'autre que le lieu confortable, mais étriqué qui nous a vus grandir, il est bien difficile de se poser des questions. Je ne me posais pas de question. Je vivais jours après jours comme si je ne pouvais vivre que cette vie-là. Je me sentais même chanceux, après tous je mangeais bien, je dormais bien, on m'apprenait à chanter et danser…Que demander de plus ? Mon hybridation avait été réalisée avec soin pour être un esclave docile et loyale avec la possibilité de développer des talents tels que le chant. Je me rappelle encore que je me complaisais dans les compliments qui étaient adressés au sujet de mon hybridation, j'en étais presque fière. Maintenant, je me dis que j'ai surtout été chanceux d'avoir une commande, un hybride crée avec soin pour un maitre consciencieux avec la sensibilité artistique.

Mon éducation se déroula sans encombre suivant sans raté les différentes étapes. Bien-sûr, j'avais déjà le désir d'aider mon prochain, cependant j'appris rapidement qu'il fallait mieux aider les autres en coulisse que devant un vampire. Après tout il était bien difficile d'aider, si on est soi-même mal en point. A la fin de mon éducation, une première question vient titiller mon esprit. J'étais assuré de ma perfection en tant qu'esclave alors pourquoi ils se voyaient l’obligation de me mettre une puce ? Ce n'était pas ma question la plus intelligente mais se fut ma première question. Elle a toute son importance car elle commença à réveiller au fond de moi un doute…

J'étais ce qu'on pouvait appeler, une commande alors directement après le centre de dressage privé où des cours particuliers de dense et de chant m’étaient donnés, je trouvai mon nouveau chez moi, l'endroit où j'allais vivre pendant près de 7 ans. Il m'est bien difficile de décrire mon maitre. Il était bon avec moi, il m’offrait tout ce que je pouvais espérer. Oui, j'étais comme un oiseau exotique qu'il laissait vivre dans une grande cage doré. Rapidement, je pus constater une différence avec l'autre esclave de la maison, l'autre avait droit de sortir, de travailler aussi alors que j'avais tout juste le droit de prendre le soleil dans le jardin et encore il fallait que je fasse attention à ne pas prendre froid. Le grand confort ne me dérangeait pas et puis j'appréciais les attentions de mon maitre, d'ailleurs j'étais plutôt du genre à aimer qu'il me félicite et retienne ma présence alors je faisais tout pour ne pas le décevoir. Après coup, il est clair que j'agissais comme un bon petit oiseau. Mais quand on est aveugle il est difficile de saisir la réalité.

Ce fut une rencontre qui bouleversa mon existence. Quatre ans après mon arrivé dans les lieux, un autre esclave arriva, fraichement débarqué d’une boutique. Il n’avait pas l’air commode. Je pouvais même dire qu’il était du genre intimidant. Mais ma nature curieuse et sociale me poussa à faire plus ample connaissance. Je découvris pour la première fois qu’on pouvait ne pas être apprécié. Sentiment assez dérangeant je dois l’avouer. Son regard me cloua sur place. Son ton méprisant agita mon intérêt à son égard. Pourquoi il ne m’aime pas alors que moi j’aime tout le monde ? Toute personne a le mérite d’être aimé !
Lui, je crois qu’il n’aimait personne ou du moins pas grand monde. Il n’aimait pas notre maître et je crois que le maître s’en amusait. Ne devait-il pas faire en sorte qu’il change d’avis ? J’avoue que cette relation, était bien incompréhensible, elle me semblait illogique, perturbante dans mon univers si bien rodé. Un soir alors qu’il avait été malmené par le maitre pour avoir osé lui tenir tête, je viens le voir pour le soigner. Il balaya mon aide comme on pouvait balayer les feuilles mortes dans le jardin. Têtu, je lui signalais que ce n’était pas en restant dans cet état qu’il pourrait montrer son mécontentement. J’avais compris qu’il n’était pas contant, pourquoi ? Je ne sais pas. Cependant, il était clair qu’il n’était pas ravi d’être là. Une nouvelle expression que je n’avais jamais vue auparavant illumina son visage, intéressant. Le genre de sourire narquois, légèrement moqueur qui vous donnez la sale impression que vous êtes insignifiant.

-ça se voit que t’es un monstre fabriqué de toute pièce… Tu ne sais rien, tu te contentes de rester derrière tes œillères sans rien savoir du reste du monde. Je n’ai rien à faire avec quelqu’un comme toi. Dégages de là !

Je ne comprenais pas le terme de monstre, j’appris plus tard, que c’était un terme péjoratif mais sur le moment cela ne me perturba pas.

-Si je suis ignorant, tu n’as qu’à m’apprendre, comme ça je ne le serais plus.

Il fut un peu surpris par mes mots, il s’attendait certainement à ce que je me vexe, à ce que je réplique que je connaissais aussi des trucs. Se serais mentir, je ne connais rien. Parfois, mon maître me raconte une histoire en me caressant mes cheveux mais je ne suis plus certain que ce soit la vérité …En tout cas, cela concerne essentiellement les vampires sans qu’on intervienne vraiment de dedans ou alors nous sommes souvent bien inférieur à eux. C’était le cas, pourtant, je voulais entendre autre chose et puis cela me semblait tellement excitant. J’étais un esclave de lux mais je sentais qu’il me manquait quelque chose.

Il mit un certain temps à lâcher le morceau, mais je revenais souvent à la charge quand je cherchais à l’aider pour le soigner. Petit à petit j’appris qu’il était né libre. Qu’est-ce que la liberté ? N’est-ce pas dangereux à cause du fameux virus ? Pouvoir aller ou on veut, faire ce qu’on veut, faire des choix et ne pas suivre ceux des autres. Cela me semblait fascinant. C’est comme la danse libre, on pouvait réaliser n’importe quelles pas, n’importe quelles gestes …Mieux car la danse est dictée par le désire de faire quelque chose de beau, d’harmonieux. La liberté, elle, est une notion plus grande encore ! Elle est en sentiment si profond…Quand, il racontait, il était à la fois passionné et mélancolique. J’essayais de lui faire comprendre qu’ici c’était pas mal, on était bien nourris, les lits étaient confortables …Et s'il était moins têtu, le maître serait se montrer gentil, il lui apprendrait même des choses !

Mais il me répondait simplement que j’étais trop sous l’emprise des vampires pour comprendre. C’est vrai que je ne comprenais pas mais plus il me racontait, plus j’avais envie de connaître l’autre monde. De rencontrer d’autres personnes. Je me mettais à rêver de ce qu’il me racontait à savoir... une forêt à perte de vu, un feu de camp apportant l’espoir et la gaité. Je voulais connaître l’espoir, je voulais sentir la liberté jusqu’au plus profond de mes tripes, je voulais entendre l’histoire d’autre personne. Le monde ne gravitait pas seulement autours de mon maître. Il y avait un autre monde qui me semblait bien fascinant.

L’idée d’aller explorer cet autre monde commença à germer dans mon esprit. Il me fallut deux ans pour tous organiser, pour tout planifier sans que personne ne se rende compte de rien. Car je restais le gentil et docile Tito, l’esclave oiseaux qui chantait et dansait pour satisfaire son maitre. J’avais toujours l’air naïf à lui poser des questions idiotes et sur n’importe quoi, il me répondait avec toujours la même patience ou alors il me disait qu’il n’avait pas le temps car il avait du travail. Il avait beaucoup de travail mon maître. Je ne sais pas ce qu’il faisait mais c’était sa phrase favorite pour me signaler qu’il était occupé. Mais il ne se méfiait pas, rien ne pouvait laisser paraitre que j’étais en train d’élaborer ma fuite. S’en était affreusement excitant, savoir qu’au moindre faux pas, je pouvais être accusé. Je prenais ça comme un jeu, comme un départ vers l’aventure. Je n’en parlais à personne, pas même l’autre esclave car même si je savais qu’il aurait aimé partir, il pouvait tout gâcher. J’espère encore qu’il ne m’en veut pas trop. J’ai agis pour la première fois pas égoïsme et ça m’a fait un bien fous.

Le plus difficile dans mon plan, fut que je n’étais jamais sorti. Et puis il y avait la puce, mon maitre n’avait jamais jugé utile de placer un Gps car il m’enfermait mais qui sait ce qu’il pouvait bien faire avec ce genre de technologie !? Comment me sauver, si je ne connais pas la sortie. Et encore maintenant je me dis que j’ai été des plus chanceux de m’en être sortit alors que j’ai basé tout mon plan sur de la théorie. Pendant ses deux ans de préparations, j’ai écouté ceux qui sortaient pour me faire un plan mental de la ville, en plus des renseignements pris dans les histoires de mon compagnon esclave.

Cela faisait 7 ans que je n’avais fait aucun écart, alors j’étais rarement sous surveillance, il m’était facile d’échapper à la vigilance du maître quand il était occupé ailleurs, en particulier le jour. Quand je posais pour la première fois un pied hors de la maison et du jardin, je désirais tout explorer. J’avais toutefois autre chose à penser, notamment suivre le plan que j’avais réalisé avec la crainte qu’il soit faux. Je ne pouvais que faire confiance aux dires des autres et s’en était à la fois effrayant et palpitant. Je crus que jamais je n’arriverais à sortir de la ville. Je m’étais habillé de manière à ce que je n’attire pas l’attention en piquant des affaires d’un autre esclave. Pendant tout le trajet, je pouvais sentir mon cœur palpiter, l’adrénaline gonfler à bloque tous les muscles de mon corps.

Cela fait près de 3 ans que je vis dans la forêt. La première année, je peux assurer que cela n’a pas été de tout repos. Plusieurs fois, j’ai pensé à revenir sur mes pas, car cette nouvelle vie n’était pas vraiment faite pour moi, mais dès que je découvrais une nouvelle beauté de la nature, dès que j’en apprenais un peu plus je me raisonnais en me disant que je serais plus utilise qu’ici qu’à chanter et danser pour un vampire. Et puis au bout d’un an je savais que la visite chez le médecin était passé, j’étais toujours libre sans aucun vampire derrière moi pour me ramener au bercail, je pouvais dormir plus tranquillement. Rapidement, j’appris à cacher mes cheveux et mes ailes, les deux éléments sui pourraient facilement me trahir, puis j’essayai de cacher mon caractère afin de me protéger, car je savais qu’il était simple de me faire changer d'avis. Je n’avais pas envie d’être un esclave libre passif, craignant chaque jours d’être découvert.
Non, je voulais vivre l’aventure la plus palpitante de ma vie !