| Bonjour à tous, Voici venir les résultats des concours, encore merci à nos chers participants ! Chacun de vos travaux était unique, transmettant une atmosphère qui lui était propre. Et que dire de vos fanfics ? Un délice pour les yeux et les fantasmes... Il est temps de nommer les trois oeuvres se sont démarquées des autres : Vainqueur du concours Dessins : Fleurian- Dessin 1 :
Vainqueur du concours Moodboards : Alia- Moodboard 3 :
Vainqueur du concours Fanfictions : Flam’ingo- Fanfiction 2 :
Percy Keller était franchement laid, mais Percy Keller avait une très belle voix et dans son métier, c’était bien tout ce qu’on lui demandait.
"Il est 21h26 sur radio Stellar Copenhagen. Tout de suite, l'actualité d'avril 2501…"
Il n’y en avait plus beaucoup, à Copenhague, des gens franchement laids, et Percy Keller avait d'ailleurs remarqué que les traits disgracieux qu’il n'exposait qu'avec honte – embarrassé, navré, mortifié qu’il était de devoir ainsi les infliger à la vue des regards qui commettaient la triste erreur de l’effleurer – s’étaient progressivement faits gage de vieillesse, vestiges d’un temps où la génétique pouvait encore se permettre d’être hasardeuse et de laisser venir au monde des êtres que seule une mère à moitié aveugle prétendait aimer. Si son timbre exceptionnel – chaud, grave, envoûtant – était une miséricorde divine, il était persuadé qu'elle n'était non pas envers lui, dont le visage ne saurait pas s’en montrer digne, mais envers ceux qui, forcés de le côtoyer, trouvaient au moins là quelque chose chez lui à commenter, complimenter, voire même sincèrement apprécier s’ils osaient céder au besoin pressant de détourner les yeux chaque fois que l’interaction avec l'épouvantable musée de chair vivant se trouvait impossible à éviter. Percy Keller n’en était ni peiné, ni vexé, et trouvait même dans son cœur la bonté de plaindre ces pauvres malheureux : lui, au moins, avait détruit ses miroirs, et avait la chance de ne plus se croiser que très peu.
"Le directeur de Geneticae, Jack Alice Spaltter, a trouvé la mort lors de l’attentat perpétré sur…"
Percy Keller n’aimait pas particulièrement son travail mais les auditeurs l’aimaient, et cela lui donnait chaque matin une raison de moins de ne pas se tirer une balle d’argent dans le crâne. Percy Keller se détestait mais s'était habitué à vivre, ce qu'il savait constituer en soi un cruel manque de décence envers le monde auquel il imposait sa vue depuis trop longtemps et ce qui, certainement, ne contribuait pas à arranger pas son rapport hautement conflictuel avec sa propre image.
"Alors que nous entamons le cinquième mois de cette année, nous pouvons affirmer que le Dirigeant Suprême a tenu ses promesses…"
Lécher les bottes du gouvernement lui convenait – sans doute. On ne lui demandait pas de se poser des questions et il ne s’en posait pas. L’émission de podcasts à succès qui avait valu à sa voix de se faire connaître une cinquantaine d’années auparavant ne traitait-elle aussi d’aucun sujet conflictuel et il n’aurait de toute façon jamais osé exprimer la moindre opinion inconvenante : sa seule figure dépassait déjà largement les bornes et il ne pouvait guère faire mieux que la cacher au meilleur de ses capacités. Célèbre par son anonymat, Percy Keller ne se mêlait jamais aux réceptions mondaines auxquelles les ignorants l'invitaient et ne rencontrait jamais que ses collègues et ses employeurs directs, qui avaient quant à eux le bon goût de bien vouloir ne le présenter à personne.
"L’esclave a disparu une semaine plus tôt, et les recherches n’ont rien donné pour l’instant…"
Que parfois, il enviait les esclaves ! Leur condition ingrate, ils avaient au moins le luxe de pouvoir tenter de la fuir, et quand bien même leurs espoirs misérables ne faisait que les précipiter vers leur fin ô combien pathétique, ils avaient la chance de croire un instant – rien qu’un instant ! – qu’une vie meilleure les attendait ailleurs. Que n’aurait pas donné Percy Keller pour de l’espoir, aussi vain soit-il ! La chirurgie, lui disait-on parfois, faisait des miracles même sur ce qui semblait le plus irréparable, mais il aurait plus volontiers laissé un couteau d’argent s’enfoncer dans sa gorge qu’un scalpel effleurer sa peau grise : Percy Keller avait peur, peur de l'opération, peur de son résultat, peur de ce que serait un lui sans l’ignoble laideur autour de laquelle il s’était construit pendant plus de cinq siècles et sans laquelle il ne serait peut-être soudain plus rien, non pas aux yeux des autres qui le regarderaient enfin sans frémir, mais, stupidement, aux yeux des siens qui ne se regardaient pourtant plus. Percy Keller savait que ses pensées ne faisaient aucun sens. Percy Keller se disait, parfois, qu'il était peut-être fou.
"Et ne manquez surtout pas l'exposition photo de l’artiste Kornel Bernaldès “Dans l’oeil de la bête” ! Le musée des arts modernes de Copenhague a la joie d’exposer…"
La recommandation était feinte : Percy Keller, qui lisait les mots d'un autre, haïssait ce musée qui lui avait donné la nausée dès la première pièce et haïssait cet obsédé des globes oculaires – organe le plus abject s'il en était – qu'il ne jugeait méritant que de voir les siens méticuleusement crevés. "Artiste" : ce mot lui arrachait la bouche autant que ces clichés lui avaient donnés envie de s’arracher la peau et qu’il vomisse littéralement son dégoût sur les œuvres aurait sans nul doute rendu un immense service au monde de l'art et de la photographie. A défaut de pouvoir s'autoriser ce plaisir, Percy Keller se fit au moins la joie d'écorcher puérilement son nom.
"Voici déjà la fin de cette émission. On se retrouve le mois prochain, même heure…"
Quand Percy Keller saluait ses collègues avant de rentrer chez lui, personne ne lui serrait jamais la main et quand Percy Keller poussait la porte de son appartement, personne ne l’attendait de l’autre côté : sa vie était fade, morne, triste, et la plupart du temps, Percy Keller, dans le fond bien simple de nature, savait s’en accommoder. A l’image de son existence, il était vide, se sentait vide, et passait ses nuits et ses jours à attendre on ne sait trop quoi – un signe, peut-être, un élan de courage ? – sans jamais changer quoi que ce soit pour reprendre sa vie en main – mais sa vie, l’avait-il déjà eu en main ? "On se retrouve le mois prochain, même heure" : ce serait vrai pour l’éternité si personne n’avait un jour l’idée de virer ce vampire trop passif et désespéré pour songer à démissionner du moindre job dans lequel il était vaguement admiré. La carcasse de Percy Keller, avec le temps, finirait probablement par s’effriter et se changer naturellement cendres pour enfin correspondre au rien qu'il l'habitait tout entier.
Sans doute que de tous les jours de son existence, le jeudi seul valait la peine d'être vécu.
Le jeudi, quand Percy Keller saluait ses collègues avant de rentrer chez lui, personne ne lui serrait la main et quand Percy Keller poussait la porte de son appartement, personne ne l’attendait de l’autre côté – en cela, certes, rien ne changeait. Mais le jeudi, quand Percy Keller posait ses clés sur le meuble près de l’entrée, une brusque poussée d’adrénaline traversait ses veines, un sourire immonde étirait ses lèvres qui l'étaient tout autant, et ses joues, molles, flasques, tombantes, rougissaient tandis que des ailes de papillons se mettaient à battre dans son ventre et que les heures, une à une, s’écoulaient lentement vers le milieu du jour. Puis, quand le jeudi était déjà bien installé et que quinze heures sonnaient, étendu dans son lit ou bien accoudé à son bureau, le cœur battant à s'en décrocher la poitrine, les mains convulsivement serrées autour de son poste radio, Percy Keller…
"Bonjour à tous les humains et hybrides ! Vous êtes sur Lib’Radio, la radio de la libération !"
… gémissait.
"Ne vous laissez pas faire, frères soumis au joug des suceurs de sang ! Ils ne sont rien sans nous, réduits à l’autophagie mortifère et la dégénérescence !"
Et Percy Keller murmurait : Lusa, Lusa, Lusa, Lusa, Lusa.
La voix de Lusa n'avait rien d'exceptionnel – comparée à la sienne, aucune voix ne l'était – mais son visage était beau – il le savait, le sentait. Transformés par la rage, déformé par la haine, mêmes les traits les plus banals prenaient des airs de sublime et ce visage imaginaire lui faisait perdre tous ses sens, tous ses moyens, toute sa raison qu’il n’avait pas. Chaque jeudi à quinze heures, quand le temps se suspendait et que ses oreilles se laissaient envahir par sa colère grondante et ses appels à la révolte, Percy Keller cessait de penser au suicide pour penser à deux mains longues – ou peut-être courtes, ou rudes, ou délicates, ou larges, ou griffues, ou brûlantes, ou glaciales – qui viendraient s’enrouler autour de son cou et le serrer, serrer, serrer comme si l'asphyxie avait encore le moindre sens ; il pensait à deux yeux, ou peut-être un, ou peut-être six, noirs ou bien rouges, qui brilleraient d’un mépris grand, immense, absolu ; à une bouche fine, épaisse, au rictus tordu qui lui cracherait qu’il n’était rien et qu’il les tuerait tous jusqu’au dernier, lui et les siens ; à la lame d’argent d’ordinaire posée sur sa table de chevet qu’il ne manquerait pas d’attraper pour poignarder sept ou huit fois sa jugulaire avec acharnement ; au dernier hurlement poussé par sa voix d’or étranglée, noyée, condamnée, extatique ; au sang qui giclerait jusqu'à cette peau pâle, cette peau grise, cette peau noire, cette…
"Ne vous laissez pas abattre. Nous prenons tous les jours de la puissance. Ne perdez pas espoir."
Et Percy Keller tremblait : Lusa, Lusa, Lusa.
Lusa à la vie misérable, Lusa dont la fin serait aussi pathétique que celle de tous les esclaves qui se laissaient aller à rêver échapper leur condition, Lusa son fantasme, son rêve, son cauchemar, son obsession, celui qu’il s’imaginait qu’il aurait pu être si au lieu de la laideur, de la voix et de la lâcheté Dieu lui avait accordé la haine, la rage et la noblesse de l'esprit guerrier. Percy Keller ne s’était jamais vengé, ni de rien, ni de personne ; Percy Keller n’avait jamais eu le cran de haïr autre que lui-même ; Percy Keller avait souffert et jouait volontiers entre les mains de ceux qui l’avait fait souffrir, leur offrait son don en lieu et place des fusillades, des massacres et des explosions qu’un cœur meilleur aurait exigé ; Percy Keller, chaque jeudi soir, gardait les yeux secs quand la décence aurait voulu qu’il se mette à pleurer.
"Ici Lusa, pour Lib’radio."
Et Percy Keller soupirait : Lusa, Lusa, Lusa.
Lusa vaillant, ridicule, admirable, misérable ; Lusa tout sauf incroyablement laid ; Lusa qu'il ne rencontrerait jamais mais qui, quand le prochain jeudi viendrait, lui donnerait encore en fantasme la mort à laquelle il avait autrefois commis l'ignoble erreur d'échapper.
Pour féliciter nos trois gagnantes, chacune d'elle se verra remettre une surprise à exploiter dans leurs prochains RPs. Encore bravo à elles ! - Fleurian:
C’est un livreur tout ce qu'il y a de plus banal qui va sonner au manoir Oberyn, déposant un grand colis au nom de Saqqarah I. Dans celui-ci, on peut trouver un Esraj d’excellente facture, dans un étuis au nom d’un des meilleurs luthiers du Danemark. De toute évidence, l’instrument de musique est signé de la main du maître qui tient l’atelier.
Accompagnant celui-ci, une lettre est glissée dans le paquet. L’écriture manuscrite est soignée, à l’encre dorée sur un papier sombre, rappelant la couleur de la peau de l’hybride.
“Mon très cher Saqqarah I,
J’ai pu vous admirer lors du Midsummer’s Eve, si la preuve de ma dévotion ne parvient à vous qu’à présent, c’est que j’ai peiné à retrouver votre trace. Quelle douleur d’imaginer que j’aurais pu ne jamais vous revoir ! Vous avez ravi mon coeur à l’instant même où mes yeux se sont posés sur votre port majestueux. J’ose imaginer que vous poserez vos doigts sur cet instrument comme vous le feriez sur ma peau. Je suis certain qu’avec votre dextérité, vous saurez en tirer les sons les plus mélodieux. Cet Esraj porte un morceau de moi, et j’espère qu’il restera à vos côtés de longues années.
Votre dévoué admirateur.”
Rien n’indique la provenance du colis, ni le nom de l'admirateur, ni même les réelles intentions de celui-ci. En tout cas, celui-ci ne s’est pas moqué de Saqqarah et, qui sait, peut-être continuera-t-il à lui envoyer de nombreux présents…
- Alia:
La nouvelle revêtit la forme d'une enveloppe toute simple, à peine reconnaissable parmi l'avalanche de flyers publicitaires qui se déversaient systématiquement dans la boîte aux lettres du milicien. Si ce dernier n'avait pas prêté attention, peut-être l'enveloppe aurait-elle fini à la poubelle ou même dans le bac des déchets recyclables pourvu qu'Alyosha eut une conscience écologique. Au lieu de quoi, ses yeux s'arrêtèrent sur cette drôle d'enveloppe, ne mentionnant aucun expéditeur, tout juste e cachet de la poste et son adresse. Après avoir pris les mesures qui s'imposaient en suspectant une lettre piégée, le milicien finit par ouvrir celle-ci : il en extirpa deux billets ainsi qu'un petit mot :
« Félicitations ! Vous êtes l'heureux gagnant de notre grand jeu concours, organisé grâce aux soutiens de nos sponsors lors de la fête du solstice d'été, le Midsummer's Eve. A ce titre, nous vous remettons deux billets pour notre prochain festival de la musique ! L'entrée est ouverte à tous, sentez vous libre d'y emmener votre esclave si vous le désirez ! Vous trouverez les modalités d'utilisation ci-dessous... »
Rien sur les billets ne laissaient deviner quel genre de musique serait mis à l'honneur pendant le festival : métal, rock'n'roll ou encore électro dans des ruines abandonnées... Pour garder le lieu secret, seul un point de rendez-vous était mentionné sur les billets. Reste à savoir si Alyosha allait relever le défi. Et surtout, avec qui ?
- Flam'ingo:
C’est un petit miaulement, faible, qui va attirer l’attention de Claude lorsque celui-ci rentrera de l’OBD. Dans les plantes qui bordent l’entrée de l’immeuble, de toute évidence, ce n’est pas le bruit d’une télé ou un morceau de musique de mauvais goût, non, et en se penchant pour vérifier, il y a trois petits corps serrés les uns contre les autres. Seul un, cependant, semble encore avoir un peu d’énergie et appelle sa mère de toutes ses forces. Celle-ci n’est pas en vue.
Lorsque Claude récupère le petit être, celui-ci est ébouriffé, à peine tiède dans les mains du vieux vampire. Cependant dès qu’il sent le mouvement, il remue, cherche un doigt, patasse la main et commence à téter le doigt faiblement. Il est animé d’un désir de vivre qui n’est pas à remettre en cause, malgré les puces et, certainement, les vers qui l’habitent pour le moment. Un passage chez le vétérinaire ne sera pas de trop, mais avant tout, il faut réchauffer et nourrir le chaton.
Une fois décrassé, Claude pourra voir apparaître un joli pelage gris, crème et blanc. De toute évidence, le chaton n’a pas encore un mois, et il faudra s’en occuper intensivement pendant quelques semaines encore, mais de toute évidence, Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve ont à présent une petite sœur.
Pour rappel, les RPs de groupe se poursuivent jusqu'au 31 août inclus. Afin de ne pas pénaliser vos partenaires d'écriture, nous vous invitons à les prévenir pour tout ralentissement ou absence inopinée. Sachez que vous avez également la possibilité de passer votre tour si vous vous retrouvez dans l'impossibilité de répondre sur le moment. Merci pour votre compréhension et bon jeu ! Bises, Deus |