Stella Cinis
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Une vaste pandémie frappe l’humanité au cours de l’an 2000. Fléau divin, raté biologique ou simple régulation naturelle, l’origine du virus “Necrosis” est inconnue. Plus virulant que la peste bubonique, Necrosis tue en quelques jours ses hôtes, à grands renforts de fièvres, de vomissements et de nécroses des tissus sensibles (muqueuses) ainsi que de plaies. En quelques mois, la population mondiale chute de plus de moitié, ouvrant une immense brèche pour la race vampire, demeurée jusqu’alors tapie dans l’ombre.
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2 participants
Saqqarah I
Messages : 45
Esclave
Saqqarah I
Esclave


Prénom(s) : Saqqarah I ;
Nom(s) :
Surnom(s) : —  
Âge : 29 ans ;
Âge apparent :
Taille : 1m 96 ;
Nationalité : Indienne ;
Race : Lion de l'Atlas & Aigle Impérial ;
Orientation : Ce qu'il faut ;
Métier : — ;
Autre : Ailé, tatoué, percé, il possède également une queue de lion avec ergot.


Saqqarah I



Saqqarah refuse sa condition. Les vampires qui trouveraient grâce à ses yeux sont ceux qui lui permettraient de s'élever au-delà de son statut d'esclave, chose qu'il n'est décidément pas. Les autres mortels, il aime les haïr. La liberté ne l'intéresse pas : il veut mourir vieux, vénéré et pas trop moche.






Avatar venant de Cassandra Jean



Description mentale


Les yeux bas, la posture humble, ailes repliées au plus serré, queue entre les chevilles : devant les maîtres de ce monde, l'hybride est un esclave modèle qui fait preuve d'une déférence extraordinaire. Respect, discrétion, silence, docilité : il faut faire voir qu'il craint d'être imparfait, déplacé, qu'il honnit les impolitesses et qu'il admire autant la suprématie des bêtes que l'étroitesse de la place qu'ils accordent derrière eux. Ils sont si puissants ; ils tiennent et retiennent la vie d'un mouvement de pupilles ; ils accordent le droit d'être et leur côté est le plus agréable du lit.

Saqqarah I est admirable de par sa sujétion aux vampires. Sourire quand il faut sourire, mais pas d'une façon inadéquate ; se taire et acquiescer pour tout, à tous, il dit oui aux ordres, ne donne pas son avis, reste pragmatique quand on le lui demande, se démerde pour répondre à la perfection aux envies si grotesques soient-elles quitte à servir son propre sang dans les verres qu'il a lavé lui-même.

Ah, il est si serviable et si bien éduqué… !
Ah, il est tellement fidèle et tellement manipulable… !

Non. Il va développer une tumeur à force de lécher toutes ces bottes et un ulcère tant il est frustré, amer et en colère. C'est qu'il voudrait être au-dessus lui aussi et que, faute de pouvoir atteindre les cimes, il les caresse comme il peut. C'est que, faute d'être là-haut, égal, suprême, il écrase tous ceux qui sont en dessous.

Ah ! C'est impossible qu'il soit identique ou moins qu'un autre esclave : c'est pas assez. Il est forcément mieux, sinon ça n'est pas assez ! Saqqarah I est trop compétitif, trop imbu de lui-même : il a besoin d'être le Premier. C'est dans son nom, après tout. Et si les dents et l'âge ne le lui permettent pas, alors ce seront les mots et les poings. Il intimide, nargue, provoque, manipule, méprise ses semblables aussi bien qu'il joue l'hypocrisie, l'assentiment et la modestie. Mais il n'aime pas plus les vampires que les vivants : entre les deux, il a choisi la course la plus récompensante. Il ne craint rien des représailles — du challenge, des bagarres : oh, il en veut et se plierait en quatre pour ça. Les autres coureurs, ah, les autres : ils ne valent et ne lui apporteront de toute façon rien. Saqqarah I est parti de ce principe depuis le début et, les voir se faire bouffer, punir ou disparaître est une de ces satisfactions qu'il recherche constamment.

Dans le dos des Maîtres, Saqqarah I est ignoble. Hautain, narcissique, il rabaisse et menace ; il joue des poings et de ses avantages pour éliminer la concurrence. Il ment, bâtard déloyal, triche sans honte, faux jeton machiavélique, et s'amuse visiblement de ce passe-temps. C'est le seul qu'il a, on dirait, et c'est le plus gratuit.


Description physique


Ils le voulurent grand, Impérial, capable de se développer tout en hauteur et de s'étendre presque infiniment en largeur. Ils le voulurent aussi robuste, Barbarie, à la peau épaisse et aux muscles visibles. Ils en firent un lion et un aigle, parce qu'il n'y a décidément rien de plus majestueux sur terre et dans le ciel.

Alors, il a des ailes.
Immenses, en teintes brunes, sombres puis fauves et d'un beige éteint sous le revers des plumes. Elles font un grand appel d'air quand il les déploie, si grandes qu'elles sont en envergure vis-à-vis de sa taille : pour un mètre quatre-vingt-seize de haut, il en fallait approximativement quatre de longueur d'ailes. Ses plus grandes plumes sont sans conteste aussi longues qu'un avant-bras et marquées par en dessous de cercles colorés. Parce qu'elles étaient gênantes et le rendaient profondément maladroit, elles ont été mises sous tenailles durant son développement de telle sorte qu'en grandissant elles s'enchevêtrent. Les articulations s'entrecroisent sous son bassin et, repliées, ses ailes forment désormais un V strict, bien arrondi au-dessus de ses épaules toujours à l'ombre. L'angle aigu qui les termine tombe sous ses genoux et cache une bonne partie de sa queue féline.

Parce qu'il a une queue en pinceau de la longueur de ses jambes. Le poil y est aussi hirsute que peut l'être une barbe, et noir. À l'extrémité, l'ergot de cornée d'un centimètre y est bien caché comme un secret et démontre le soucis du détail de ses créateurs. Il pique la peau comme un dard quand il l'agite violemment avec humeur et rend, en même temps que les vertèbres qui s'allongent à la naissance de ses fesses jusque sous le pelage qui s'éclaircit vers l'extrémité, son appendice particulièrement sensible. S'il a appris à masquer la plupart de ses émotions, la position de sa queue fait état de ses plus grandes humeurs et marque généralement des rythmes erratiques assez inconscients dans l'air.

Fier de son apanage, Saqqarah I se tient droit, altier et dégage quelques choses supérieures. S'il impose nécessairement par ses caractéristiques hybrides, celles humaines ne sont pas moins remarquables. Outre sa taille phénoménale, sa carrure est travaillée comme soumise au régime strict des athlètes, et son râble bien bâti : il a le torse large et le poitrail solide ; les épaules et le dos bien faits et partout sur son buste sa musculature est évidente. Son port de tête est haut, signature d'une éducation supérieure, et ses mains comme ses membres sont capables de bien des corvées. La couleur de sa peau est par ailleurs typique des natifs indiens, mate, et son regard légèrement bridé sur le côté. S'il n'a pas de cils particulièrement remarquables, la structure de son visage lui donne un air sérieux, voire sévère, et appuie sa virilité là où le galbe de ses lèvres dénote la douceur.

Tatoué pour exagérer l'angle de ses paupières et marquer l'épaisseur de son buste, il porte également le traditionnel piercing à la narine des Indes, symbole de sa beauté karmique et de la richesse de son maître. Dorés comme peut l'être par endroit son épaisse chevelure en cascade folle, ces ornements mettent en valeur le noir de ses iris et les reflets blonds vénitiens que suggère la pilosité de sa peau. Ils ajoutent à sa voix grave un aspect mystique, aussi chaude que l'est naturellement sa température corporelle, et attendrissent les cent-seize kilos de chairs, d'os, de muscles et de plumes qu'il affiche déjà sur la balance malgré une faim d'ogre jamais satisfaite.

Histoire


« Lorsque nous t'évaluerons, tu devras être capable de réciter ceci sans faire d'erreur. »

D'un geste de la main, le servant fait pivoter une feuille sur le pupitre et la repousse jusque sous ses yeux. Debout, les bras vissés le long du corps, l'enfant se tient exagérément droit, le menton relevé, et fixe un point lointain dans le coin des arches qui font le plafond. Il a envie de regarder ; il a très envie de regarder, mais sa joue brûle encore et la trace du coup est comme bien imprimée dans sa chair. Il est sûr que la baguette lui a presque cassé une dent et qu'il saigne, mais le professeur dit souvent qu'il exagère tout et que la plupart de ses certitudes sont idiotes et inutiles — elles ne lui causent que des problèmes.

« Lis. »

C'est illisible. Il ne reconnaît pas l'alphabet — c'est de l'anglais — et regrette bien vite d'avoir regardé. Oh, il sait qu'il vient encore de faire une erreur et qu'il va certainement s'en prendre une autre, sur sa joue droite avec un peu de chance. Il relève les yeux et retient mal une moue d'inconfort. Il voudrait déjà se protéger de la baguette, a les yeux humides de peur et son duvet légèrement ébouriffé lui fait des frissons incontrôlables. Quand le servant resserre les doigts sur le manche, Saqqarah ne tient plus sa posture, se replie sur lui-même, s'enferme sous ses ailes et ses bras et supplie, déjà en sanglot.

« Pardon ! Pardon ! Je sais pas le lire ! Je sais pas le lire ! »

Il sait déjà que ce n'est pas une excuse valable, mais c'est tout ce qui lui sort de la bouche. La seule façon d'éviter la terrible sanction aurait été de savoir, déjà à l'avance, qu'il en est incapable. Ainsi il n'aurait pas mis son professeur dans l'embarras et se serait puni lui-même de ne pas pouvoir le servir correctement.

La baguette claque fort et répétitivement sans qu'aucun mot ne soit échangé. On n'aime pas les choses qui se défilent devant leur responsabilité, mais on n'aime pas non plus faire étalage de sentiments dans le palais. Saqqarah y vit depuis qu'il est propre et qu'il sait marcher. Son quotidien se résume à trois pièces et un atrium dans lesquels il est constamment surveillé. Tout a vocation à être une leçon : un jour, il sera parfait. En attendant, il doit porter une chaise à bout de bras par-dessus sa tête et essayer de se figurer comment apprendre l'anglais avec un dictionnaire.

*
Il ricane derrière ses mains qui sentent l'anis et la grenade. De l'autre côté de la porte, il entend le servant se faire gronder par un autre servant. Ça l'amuse beaucoup. Derrière lui, sa petite queue féline bat l'air de jubilation. C'est bien fait pour lui ! Il aimerait beaucoup voir la tête de son professeur se défaire comme il l'entend s'excuser et jurer sur son nom qu'il corrigera tout et se rendra de nouveau digne de confiance. Quand la scène à l'air d'être terminée, le petit esclave fait vite volte-face, s'essuie les mains comme il peut sur son sari et cherche une position naturelle à adopter. Quand la porte s'ouvre, il est agenouillé sur un coussin et s'intéresse énormément à son récit.

«… les bras évanou-i-lles des annekiennes nuites… qui tous voula-i-ent jeter une éterna-ile cha-i-ne…
— C'est toi.
—… I-nsensés ! Surre le cou…
— Lève-toi. »

Il se lève, un peu balourd, un peu gauche, et plisse vilainement ses yeux noirs : l'autre n'a pas sa baguette.

« C'est toi qui as volé le papadum.
— J'ai pas le droit d'aller dans la salle à manger.
— Mais dans les cuisines, oui !
— Quand tu me l'autorises et si tu me surveilles. »

Il fait le malin et prend un air narquois qui rappelle assez bien le rapace. Il jubile tellement ! Sa queue n'en finit pas de danser et lui électrise toutes les plumes.

« Tu tutoies ton professeur ?
— T'es juste un esclave ! Et t'es même pas un Maître ! Tu peux rien me faire, et je suis plus important que toi ! Un jour, je te remplacerai parce que t'es vieux, gâteux et je suis plus beau que toi ! »

La gifle part et résonne dans un bruit sec. Aw ! Saqqarah s'immobilise et ne pleure pas. Il endure. L'autre ne réplique pas parce que c'est vrai.

« Tu aimes voler le repas des autres ?
— …
— Tu penses que le Maître t'aimeras mieux que moi si tu es obèse ?
— Je suis pas obèse et le Maître m'aime déjà plus que toi pour toujours ! »

Le servant écarquille les yeux avant de se mettre à rire.
« Tu ne l'as jamais rencontré ! Tu n'en sais rien ! Moi je sais. Et comme je connais le maître, laisse-moi te dire qu'il te trouve trop gros et très méchant. »
C'est au tour de Saqqarah de rire. La tentative ne l'effleure même pas.
« Faux. Moi, je sais. Je l'ai rencontré et il m'adore. Je lui ai même récité le poème et il m'a félicité. Il a même dit que j'étais plus doué que VOUS TOUS !
— Tu sais même pas le prononcer correctement !
— Et il a dit que si vous m'embêtiez trop, et me nourrissiez pas assez, vous seriez jetés dehors !
— Tu mens comme tu respires, Saq' !
— C'EST SAQQARAH MON NOM ! »

Il gronde, en rage, et se rue sur le servant qui n'a aucun mal à se débarrasser de lui.

*

Depuis le balcon, il fixe les grands jardins. Le voilà assez grand pour voir l'immensité du paysage et la silhouette tout en bas, qui arrache les fleurs et creuse de nouveaux trous. Il a un sourire sardonique qui lui remonte les pommettes méchamment quand bien même le bon air de l'extérieur est censé lui apprendre à être humble et à chérir sa situation. C'est que la silhouette qui s'échine à manier la truelle a bien mérité son sort et que, l'ingratitude que son professeur peut avoir vis-à-vis de ses nouvelles fonctions lui gonfle le coeur d'une satisfaction méprisante. Parce qu'il est foncièrement mauvais, il lui fait même un petit signe de la main lorsque le servant se tourne vers lui et applaudit silencieusement devant son échec.

Tant pis pour lui : Saqqarah ne peut pas apprendre aux côtés d'un imbécile, et il lui reste énormément à faire selon son nouveau tuteur — un vampire qu'il supporte déjà bien mieux. Docilité, démarche, service, posture, conversation, prise de sang… une nouvelle page se tourne et l'esclave compte bien le faire avant ses seize ans.

*

Son entrée dans l'adolescence est marquée par une somme de frustrations et de prises de décisions radicales. Il ne vole plus, ne répond plus, ne ment plus, s'enterre et s'enferme au fond de lui-même : il ne souhaite absolument pas connaître les punitions de son nouveau tuteur qui s'amuse et prend plaisir, il croit, à rentrer dans sa tête pour déraciner toutes les graines d'insurrection sitôt qu'il ne fait pas assez bien mine d'approuver. L'expérience est horrible et le met au plus mal chaque fois qu'il en ressort : il en vient à croire que son propre esprit ne lui appartient pas, perd l'appétit, dort mal, ne voit plus la lumière du jour. On le conditionne ; il est comme en quarantaine et les nouvelles pièces auxquelles il a accès se résument à la bibliothèque personnelle du Maître et à une salle de sport. Les livres et les haltères deviennent son passe-temps le plus sûr et, lorsqu'il tente d'avoir des conversations avec les servants, il peine à rester aimable, nerveux et oppressé qu'il se sent être sans trouver les mots justes — il a besoin de se défouler, mais comment, comment, comment… !

Son régime alimentaire est par ailleurs complètement revu : Saqqarah est trop gros, selon les quelques critères a priori dictés par le Maître, alors le voilà à manger des bouillons végétariens en petite quantité plusieurs fois par jour. C'est juste ce qu'il faut pour qu'il se développe. Ses ailes sont par ailleurs attachées et immobilisées dans une position pratique et esthétiquement plus adéquate. Ça ne change rien : le mobilier n'est pas conçu pour quelqu'un comme lui. Il s'habille exclusivement en sari qu'il a dû apprendre à plier et à porter sur ses épaules en plus du reste.

La vie lui paraît injuste et il comprend bien que la meilleure façon de s'en sortir, c'est d'être plus patient encore. Il devient bon pour faire semblant, connaît l'anglais, sait utiliser la seringue, s'incline toujours plus bas, accepte son sort, la critique, l'idiotie et qu'on le nomme comme il plaira...

*

L'année de ses seize ans, Saqqarah n'a pas revu le Maître. Il attendait tellement de ce jour ! Il était prêt, se croyait prêt depuis l'année d'avant, voulait, crevait et espérait tant en finir avec tout. Mais ça n'est pas arrivé. Échec. Échec ! Échec ! Le Maître a refusé de le voir pour des raisons qu'il ignore. Cette année, qu'il a entendu par les autres, le Maître n'a eu envie de voir personne, et c'est bien ce qu'il a fait. Saqqarah n'y a pas cru : il n'est pas personne ! Il ne peut pas être personne ! Le Maître l'avait tellement complimenté, lorsqu'ils s'étaient vus ! Il est improbable qu'il l'ait oublié !

Frustré de ne pas voir son travail récompensé, il a vite estimé que la seule cause était son tuteur. Les deux années suivantes, durant lesquelles le Maître ne voulut pas voir plus de monde, il les subit comme la pire des hontes et la plus atroce des punitions. Aigri et amer, il ressasse, s'obsède et s'échine à se perfectionner — mais ça ne peut pas être sa faute !

Il accuse les autres d'être incompétents : c'est la leur, de faute, si le Maître est déçu et s'isole. Avec lui à ses côtés, ça n'arrivera jamais.

« Vous ne valez rien » qu'il répète souvent, dans sa tête, avec un air dédaigneux pour ceux qui ne le nourrissent plus et ceux qu'il croise encore dans le palais, et un profond mépris pour le vampire qui ne lui a pas permis de réussir assez vite. Il finit quand même d'apprendre, se lance dans une guerre d'intelligence et de savoirs et cherche à montrer à son tuteur combien il est devenu inutile : il devient mesquin, plein de morgue, et particulièrement m'as-tu-vu. Il décide de ne plus répondre aux ordres que d'un seul maître, le sien, et fait subir les conséquences de sa rancoeur aux plus pathétiques des servants, jusqu'à être enfin reçu.

*

Il croyait que ça changerait tout. Il pensait qu'une fois aux côtés du Maître, il ne dépendrait de rien ni personne : il s'imaginait libre d'aller et venir, de commander aux autres, de faire, de faire faire, et espérait recevoir de tous la même admiration qu'il pouvait lui-même avoir pour celui qui les fait vivre.

C'était faux. Pire que ça : Saqqarah s'est retrouvé forcé de reconnaître que son professeur avait raison. Ses certitudes étaient idiotes et ne lui causent finalement que du soucis. Il devient très soucieux, notamment de la critique sans filtre que peut lui faire le Maître. Ses mots et ses reproches lui donnent non seulement l'impression que les dix-huit années de sa vie passées à apprendre ont été inutiles et ne lui seront jamais récompensées mais aussi de n'être ni voué ni bon à rien.

S'il fait de son mieux, ça n'est pas suffisant : ses yeux ne plaisent pas assez, son physique pourrait être moins imposant, l'intonation de sa voix plus agréable à entendre et son pas moins lourd…

Le Maître est exigeant et loin, si loin en fait, du souvenir qu'a pu en garder l'enfant de huit ans. C'est exactement le même homme, c'est physiquement le même homme, mais la bête derrière les traits sans âges est une charogne gâtée. Saqqarah ne l'aime pas et ne sait pas comment il pourrait l'aimer. Le servir, c'est se tuer à petit feu. Le Maître ne l'aime pas non plus et ne se donne pas la peine de faire semblant : il peaufine et ajuste sur lui ce qu'il manque, tatoue ses paupières et son buste, perce son nez et ses oreilles, ordonne qu'il fasse plus de sport, arrache les petites plumes et taille sa queue… S'il obtient satisfaction, elle ne dure pas. Dans son lit ou entre ses crocs, c'est pareil.

Pourtant il le présente et vante son existence à tout le monde : Saqqarah sort, découvre l'extérieur, rencontre d'autres Maîtres comme le sien. Au milieu des vampires et des prédateurs, il se sent étrangement mieux. Il n'y a que là que le Maître lui montre son affection, le congratule et le pousse vers le haut. L'hybride s'y plaît, parade, joue, nargue les autres propriétés… Il fait le fier sur le dos des éléphants desquels il saute pour faire mine de savoir voler.

Mais lorsque les fêtes sont finies, le Maître est las. Il l'était avant de le connaître. Ça fait des siècles qu'il est désabusé et son enthousiasme, sa fierté, son empressement à le voir devenir l'excellence rare dont il n'osait pas même rêver sont aussi factices que les étoiles d'or accrochées au plafond de ses appartements.

*

« Quel âge as-tu ?
— Vingt-quatre.
— Tu es très impressionnant pour ton âge.
— Merci, Monsieur. »

Le poids du regard sur lui est habituel : lourd de sous-entendu, explicite, impressionné. On aime comment son coeur bat régulièrement ; on aime comment ses bras déshabillent et caressent avec assurance. On aime surtout lui compter les plumes et voir comment son échine coule et se creuse sans s'arrêter jusqu'au bout de son appendice. Pour sa part, Saqqarah aime assez qu'on l'observe de cette façon et prend plaisir à prendre son temps.

« Tu es déjà allé en Amérique ?
— Non Monsieur.
— Pourquoi “Saqqarah I” ? »

Il hausse les sourcils et ouste ses cheveux devenus trop longs et trop épais par-dessus son épaule. Il ouvre un peu les ailes avant d'approcher son prestataire de la nuit. Fermement, il cloue ses grandes mains luisantes d'huile sur ses épaules et ose regarder les documents que le vampire a étalé sur le lit. Il a l'air d'avoir son âge, mais Saqqarah ne se fait plus berner par les jolis visages.

« Parce que je suis le premier d'une grande lignée d'excellence, Monsieur.
— Il y en a d'autres comme toi ?
— Pas à ma connaissance, Monsieur.
— On dit que le Maharajah de Karputhala veut te vendre.
— Hahaha. Bien tenté, Monsieur. »

Il rit faussement et s'active à son massage, rassemblant ses mains le long des vertèbres de son client. Il pense déjà à après et aussi à toutes les autres fois où le Maharajah de Karputhala a proposé à ses amis de se “laisser aller sous ses mains” et où ils ont tenu cette discussion.

« Ça te fait rire… ? Tu ne me crois pas ?
— … »
Le vampire se redresse un peu pour essayer de le regarder. En accentuant la pression de ses paumes, Saqqarah essaie de contenir son agacement et de rester concentré.
« Il ne te l'a pas dit, peut-être ? Pourquoi il te vend ?
— Le Maître a ses secrets que tout esclave se doit d'ignorer, Monsieur.
— Il ne te vend pas alors ?
— Monsieur devrait se rallonger pour se détendre. »

Il appuie sur sa nuque et tente de reprendre le contrôle de la situation. C'est peine perdue : bientôt, la connaissance du Maître se retourne sur le dos, une carte dans la main. Saqqarah l'a beaucoup trop vue. Et les chiffres dessus aussi.

« Tu coûtes extrêmement cher, dis-donc. Il va me facturer cette séance aussi ?
— Seulement si vous en voulez plus.
— C'est un avant-goût ? Pour appâter mon chéquier ? »

L'hybride s'affaisse sur lui-même, jaugeant le vampire sous lui. Ses mains s'immobilisent sur son ventre tiède. Des fois, il aimerait bien leur tordre le cou voire peut-être même leur éclater les cervicales. Ça lui ferait du bien. Mais l'idée de les voir se relever quand même est trop effrayante. Il se pâme d'un sourire complaisant, encourageant, et qui veut rester optimiste.

« Vous voulez boire mon sang ou vous préférez que je vous suce, Monsieur ? »

Le Maître le prête. Les fêtes et l'exhibition, ça n'était pas assez. Dans sa grande générosité, il fait profiter de la bonne éducation de son hybride exceptionnel à ses plus proches connaissances. Saqqarah sait qu'il le fera certainement jusqu'à ce qu'un autre trouve davantage d'intérêt à son existence que d'importance à la somme, ou que le Maharajah se lasse. Lui n'a plus beaucoup de certitude, si ce n'est qu'il mérite mieux que ça.


Lun 29 Juil - 11:40 Saqqarah I
Alyosha Thaln
Messages : 713
Métier : Lieutenant de la milice - section IVC
Lieutenant grognon
Alyosha Thaln
Lieutenant grognon
Re bienvenue ♥
Lun 29 Juil - 13:59 Alyosha Thaln
Anonymous
Invité
Invité
Aigle et Lion... Il est fait pour avoir de l’arrogance la fierté à revendre !

Et un magnifique avatar en prime <3
Bon courage pour le reste de la fiche et tes futurs aventures !
Mar 30 Juil - 14:56 Invité
Saqqarah I
Messages : 45
Esclave
Saqqarah I
Esclave
Helluuuuu !

Merci pour vos messages ! Et merci au staff de m'avoir permis ce caprice. Je reste dispo pour les éventuelles modifs ou toutes informations complémentaires ! C'est terminadooooo I love you
Lun 5 Aoû - 21:40 Saqqarah I
Anonymous
Invité
Invité
Coucou ! Alia et moi nous occupons de la lecture de ta fiche :3

Nous n'avons qu'une remarque à faire, il s'agit du mental, quand tu dis :
On dirait qu'il a tout compris des jeux de pouvoir et que, moins suicidaire que la moyenne, il a dans les gènes l'envie de servir pour raison d'exister.
Certes, sur le forum, la majorité des esclaves ne veulent pas se plier à ce rôle. Il ne faut cependant pas oublier que dans l'univers, l'esclavage est une norme, et la majorité des esclaves étant brainwashés depuis l'enfance pour croire que tout ceci est bien normal, ils se comportent effectivement en esclaves dociles, et ne vont pas chercher à se rebeller. Smile

Oh, et juste une précision pour l'histoire (sans besoin de modifications), la fin de la fiche décrit sa situation à ses 24 ans ; c'est bien la même à ses 29 ans ?

Voilà, n'hésite pas à nous contacter si tu as la moindre question <3
Mer 7 Aoû - 13:17 Invité
Saqqarah I
Messages : 45
Esclave
Saqqarah I
Esclave
Coucou ♥

J'ai supprimé la phrase mise en évidence. Et je confirme : c'est bien la même à ses 29 ans.

Merci pour votre correction !
Jeu 8 Aoû - 19:39 Saqqarah I
Anonymous
Invité
Invité
Jeu 8 Aoû - 19:42 Invité
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