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Messages : 125 Métier : Tueur de chèvres |
Prénom(s) :Naatajarra Surnom(s) : Jarra Âge : 28 ans Taille : 2,13 m Nationalité : Australien Race : Dolophones conifera x Atrax robustus Orientation : Cannibale de ta mè** Métier : Bouffeur de chèvres / hybride de combat Autres : - Six yeux le long du front en plus des deux humains - Sclérite dans le dos + chélicères rétractiles à venin aux mains (intégrées dans la dernière phalange de chaque doigt, sortant de la partie inférieure du bout du doigt) - Venin neurotoxique à lysats (nécrose lente des tissus contaminés si pas de traitement sous 1h) - Puce GPS (dans le bras) désactivée - Ne tisse pas - Tatouages aborigènes partout sur le corps : cercles concentriques Naatajarra Tout ce qui saigne se mange, mais il faut parfois fermer la bouche, et écouter ce qu’« ils » ont à dire. Avatar venant de Training by Notesz Yowie-Whowie
Professeur Isoge – Japon Si ça bouge, si ça gigote, si ça frémit, si ça frissonne comme un poisson, un agneau, un poussin, ça doit se manger non ? Une fois, on l’a laissé – une fois seulement je dis bien, c’était une erreur… - avec ses semblables. Il avait cinq ans, un an avant de l’envoyer à l’autre bout du monde, et bien…il a mordu les deux sujets qui faisaient l’exercice avec lui. Je dis bien « mordu », pas « mordiller » …il ne s’arrêtait pas, il se délectait de ça, pas la souffrance et les cris, il a trop mauvaise ouïe pour ça, mais bien le sang, la chair. On a fait des tests. Beaucoup. Des examens psychologiques pour comprendre pourquoi il faisait ça, pourquoi il regardait tout ce qui lui est étranger – au sens de différent – comme…un énorme sandwich. On pense que s’il en avait à nouveau l’opportunité, il aurait des tendances cannibales. J’en ai des frissons dans le dos… Keokalan Soô – Australie Ils le regardent d’en bas, de travers ou de côté comme une chose échappée de l’Enfer, de la Bible, des Limbes, de la citadelle sous-marine d’un Cthulhu, et pourtant ils ne savent rien de ces choses. Rien de lui. Mais je le vois dans leurs yeux. Juste qu’il fait peur, enfin plus peur que les autres, et qu’il reluque les orteils et les oreilles la nuit, parce qu’il ne dort pas, évidemment. Il attend. Sans avoir faim parce qu’il n’a pas vraiment faim sauf après une semaine de privation, quand il désobéit. Mais c’est la gourmandise, l’adrénaline, le goût du sang, la vie qui palpite au bout de ses doigts, de sa langue qui tâte : est-ce qu’il réfléchit parfois à tout ça ? Ou bien est-il une coquille vide de cervelle ? Je ne saurais trop le dire. Les médecins du centre - je les ai interrogés tant de fois - se questionnent, ils disent que plus tard, plus tard ça s’arrangera. Mais on est « plus tard » et les progrès sont maigres. Pour l’instant il ne cherche plus à me tuer quand je lui amène son repas. Mr. Andrew – Arène. Jarra est comme Tchernobyl : on veut faire comme si tout allait bien, comme si tout était normal, mais ça ne l’est pas. Il n’est pas ce qu’on a voulu qu’il soit, il n’est pas manipulable à la guise, il évolue en marge, doucement, insidieusement, comme…les araignées. A la cantine, il y a tous ces souffles, tous ces rires, tous ces cœurs qui battent, toutes ces ondes de chaleur, tous ces dialogues, il est encore jeune, adolescent même, et n’arrive pas à gérer l’intensité qui se dégage de chaque corps, il est assailli et il subit la précision de ses sens, précision mortelle. Un jour il balaie de la main son plateau : son steak ne bouge pas ! Qui donc a tué son steak ?! Cela le met dans une rage folle et c’est la première fois qu’il saigne du nez. On l’isole désormais pour prendre ses repas, et on veille à ce qu’ils soient bien vivants pour ne plus le troubler. Progressivement on doit l’éloigner de ceux avec qui il a grandi car il devient « méchant ». Dur de savoir d’où cela vient car il n’est pas vraiment influencé par son environnement, mais il prend plaisir à les saisir dans leur sommeil, à les pousser, les faire crier, les mordre, l’un d’eux devient même le premier sujet à être affecté par son venin…On a essayé, jusqu’au plus tard, de le faire « tenir » sur un podium avec les autres chiens savants, mais il va vite falloir trouver d’autres solutions pour lui faire garder sa muselière. Keokalan Soô – Australie Jarra est comme Tchernobyl, mettez une boîte sur sa tête et il la dévore aussitôt, toute autorité glisse sur lui comme l’eau et l’huile se repoussent. Ce qu’il faut, c’est un « milieu » où il peut s’auto-gérer, car aucune main ne parvient à s’en faire obéir. Ceux qui ne jurent que par la carotte ou la psychologie inversée s’y cassent les dents, on change de méthode, de tuteur, on change de cadre, on le prive, on l’enferme, il se tapit sur les murs, dans les coins et reste aussi hermétique qu’un tupperware en pyrex. Il se tapit sur les murs, et il attend. Parfois il m’attend, et je sais – je sens qu’il aime – il aime ? – que je sois juste là, dans la fraîcheur de sa cave, à lui parler d’un ton égal, à lui lire quelques textes. Cela le calme, et l’atmosphère change. Un jour il s’est approché – enfin il est sorti de son « trou de ténèbres » et est venu me humer silencieusement, je l’ai frôlé, il est parti. J’ai appris à ne plus être frustré depuis des siècles. J'ai aussi appris à écouter ceux qui ne peuvent tout entendre. Mr. Andrew – Arène La main qui nourrit était la seule qu’il « reconnaIssait ». C’était celle de Monsieur Soô. Maintenant qu'il a grandi, j'y parviens moi aussi, résultat d'un long apprentissage et de nombreux échanges silencieux entre lui et moi. Je n'ai aucune prétention à propos de Jarra. Professeur Isoge – Japon On est soulagé qu’il ne tisse pas, mais on a quand même eu à l’esprit, une fois, pour rire, autour d’un café, qu’une armée de « monstres comme ça aurait fait des ravages y a 500 piges. » Heureusement qu’il ne tisse pas. Yara-ma-yha-who Des sphères et des ampoules de verre, où poussent des cactées et autres plantes grasses luisantes, balancent leurs silhouettes harmonieuses et brillantes il ne sait comment. Car il n’y a pas de vent. Juste, une illusion de vent créée par la climatisation. Alors il n’ouvre pas les yeux, lové dans un ficus géant au-dessus de la terre chaude de la serre géante, noire, celle qui absorbe si bien les bruits quand il saute dessus et le fait plus souple qu’il ne l’est déjà. Les bons jours : ceux où il n’a rien à faire. Silencieuse bête. Même ses cheveux d’un noir insondable, qui tombent par-delà la branche noueuse et épaisse, ne produisent aucun son. C’est comme s’il flottait, arrêtait le Temps peut-être, s’adaptait à l’incroyable densité de l’espace pour en disparaître. Même les vampires ne le voient pas toujours. Ceux qui sont habitués, bien sûr, mais les autres…L’effet de surprise est garanti, la peur est évidente, surtout quand les seize paupières s’ouvrent sur des prunelles noires, huit globes brillants dans des sclères éthérées. L’étoffe d’un monstre de jeu vidéo dont chaque muscle est une montagne, dont la peau est grise, presque noire par endroit : il est adapté, adaptable ; il mange les ténèbres avec sa grande bouche et sa langue violacée. Immobile, on le prendrait pour un totem, un Moaï serti d’obscurité, enveloppé de brumes crépusculaires et de vieux récits aborigènes dans une langue que plus personne ne connaît aujourd’hui. Les tatouages aussi. Il les aime bien. Il les admire même, dans l’eau ou dans le regard de ceux qu’il tue. Ils forment des points de cercles concentriques toujours liés les uns aux autres par des lignes. Et si l’affreuse et stupéfiante image n’était pas qu’une façade ? Si elle avait des racines infinies sous le nez long et large aux narines profondes qui semblent pouvoir boire tout l’air d’un seul coup ? Ce nez qui saigne quand il attend trop longtemps avant de pouvoir engloutir les proies que son « maître » abandonne à sa chasse une fois par jour. Un bras énorme et pourtant si vif chasse une feuille qui vient de tomber sur son visage, figeant ses traits coupés à l’épée, imberbes. Ce bras est prolongé d’une main large comme un plat et au bout de chaque doigt se trouve une chélicère capable de bloquer la course de mammifères moyens, ainsi que d’humains. Les dix sont reliés à deux poches remplies de venin neurotoxique concentré et de lysats, internes aux poignets, mais il s’en sert peu. Elles ne se remplissent pas vite une fois vidées, et cela induit une grande fatigue qui le lasse. La plupart du temps il use de ses mains comme le font les humains, simplement il a dû apprendre à ne pas engloutir tout ce qu’il attrapait dedans. Comme un monstre goinfre et ignoble. Le reste de son hybridation croisée est moins subtil. C’est au niveau du dos que cela se traduit : une épaisse sclérite noire (presque un centimètre) constituée de plaques en chitine, lui couvre la colonne vertébrale et le début des épaules. Quand il est sur la défensive, se sentant menacé, elles ont la faculté de se hérisser, lui assurant un petit avantage en matière d’intimidation, le temps que son « adversaire » comprenne la nature de cette « défense ». Ouïe est sans doute son point faible, car son environnement est principalement « tactile », « visible » : l’appeler ne sert pas à grand-chose, d’ailleurs il n’entend pas venir le « maître » avec le repas. Ce sont les gigotements, les gloussements du poulet et les minces vibrations irradiant du sol jusque dans le tronc de l’arbre qui l’avertissent, l’excitent : à table. La fin du Temps des rêves « Tu ne peux pas t’en souvenir, Jarra. Personne ne se souvient de ce genre de choses. » Keokalan sourit, chaque fois petit Jarra répète : « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? » Il a bien appris ce mot qui ennuie les adultes. De quoi se souvient-il et qui est impossible ? De sa mère. Du goût du lait, de la chaleur de son sein sur son front. De ses mots en japonais qu’il ne comprend pas mais qu’il sait gentils et doux. Il se souvient qu’elle l’a aimé, et c’est tout. Peut-être que c’est faux, mais il n’aurait pas inventé ça. Alors il laisse ce souvenir lui faire du bien quand il y pense. Même grand Jarra pense encore à sa mère, et à petit Jarra. Personne ne lui prendra ça. Même pas le Serpent Arc-en-ciel quand son heure viendra. La première fois, c’était un beau présent. On a suspendu une chèvre vivante dans son enclos, là où on le tenait, et par les pattes arrière la bête s’agitait en sentant la fin. Seize paupières s’ouvrent paires par paires dans un coin : Jarra bondit de sa cachette ténébreuse et emporte l’animal après lui avoir brisé le cou le temps d’un instant. Dans les fourrées, on n’entend plus rien ensuite, juste le festin et le sang qui ruisselle. C’est une bonne viande que celle qu’il chasse. Jarra a coûté cher. Jarra est rare. Jarra n’est pas censé vivre vieux et il n’est pas endurant. Les guerriers ont des parures. Jarra a des parures. Elles ont été orchestrées par Keokalan, cercles blancs concentriques qu'il saupoudrait de mysticisme comme s'ils constituaient des gri-gri (Jarra le croit) ; c'était avant tout une marque supplémentaire de distinction, un cadeau, sa façon de marquer celui que ses crocs ne pouvaient pas toucher. Il a le droit de tuer, de manger ce qu’il tue. L’enfermer, il n’aime pas ça, ça l’énerve, il mastique, s’use les dents, devient agressif. Quand Jarra a mangé, il peut faire ce qu’il souhaite. Parfois il fait comme s’il lisait les rêves sur ses paupières de Keo. Mais ça ne marche pas très bien car son esprit n’est fait que de couleurs, de formes, celui qui s’imagine qu’il pense et agit comme un homme parce qu’il se tient debout se trompe : il tient des araignées avant de tenir des primates. Jarra aime les livres de Keo, en anglais – il a bien appris son anglais mais un accent guttural lui reste collé au palais - parce que les petites « lettres » ressemblent à de petites araignées qui voudraient s’assembler pour dire quelque chose de plus grand qu’elles. Keokalan sourit quand il l’entend dire ça. Jarra ne touche pas les livres car il sait que ses « griffes » les arrachent quand il est trop content. Keo écrit aussi sur Jarra. Il tient un carnet qu’il a proposé de remettre à un laboratoire d’études sur les hybrides arthropodes, dans lequel il note tout, tout, tout. Il lui arrive de lire des passages à Jarra qui s’intéresse à lui-même, ouvrant ronds ses yeux humains, amusé en un sens. Alors Keo écrit encore sur ces sourires. Mais Keo ne dit jamais qu’il tue, qu’il tue pour lui. Etre invisible. Se tapir. Caché ! en sûreté. Observer, décortiquer le mouvement, la chaleur. Les araignées ne sont pas grégaires. Jarra est seul, c’est mieux pour lui, c’est mieux pour les autres, mais il y en a un qui cherche son regard – son incroyable regard pluriel – très souvent. Jarra ne connaît pas son nom, ça a peu d’importance car il va sûrement mourir bientôt, peut-être que lui-même le tuera. Mais il comprend que c’est un poil plus compliqué que cela quand le combat a lieu. Scorpion noir VS Atrax x Dolophones. Juteuse association. La foule fait craqueler le ciel sous ses hurlements, et les huées nourrissent la chaleur de la nuit. Jarra adore cette moiteur qui colle aux muscles, il a l’impression de revêtir une deuxième peau, sa peau de combat. Keo passe dire un mot, révéler la liste de passage, et les immenses portes pourpres s’ouvrent sur le sable orange sous les étoiles. Jarra est le favori depuis des années, mais il ne se lasse pas encore. Quand le Scorpion parvient à engager un corps à corps, il l’étreint en plantant ses « griffes » dans sa chair, le plus profondément qu’il peut. Il va progressivement l’affaiblir, jusqu’à ce que son souffle lui manque, qu’il s’épuise puis perde connaissance ou abdique et…rien ne se passe comme prévu. L’autre n’oppose pas de résistance et se fait aussi « mou » que possible, ce qui bouscule l’araignée. Jamais ! Les proies bougent, c’est ce qu’il aime, ce qu’il connaît ! Et là ? Immobile adversaire ! C’est le peu d’humain en lui qui le fait lâcher prise, et reculer vers les ténèbres comme si les inébranlables bases de son univers chancelaient. Keo parle avec le Scorpion, puis son front devient le reflet d’un souci que Jarra peut lire. Il dit : « Il est malade ? » - il pense réellement que l’autre combattant peut souffrir d’une quelconque infirmité. Keokalan tend un sourire : « Je crois qu’il est malade de toi, mon pauvre Naatajarra. » C’est l’explication la plus longue que l’australien donnera à l’hybride, tentant de rendre les inextricables inclinations du désir lisibles à un tel être. Ce même souci qu’il avait pu lire devient un visiteur régulier du front de Keokalan, au-dessus des lunettes brillantes que l’araignée affectionne comme un trésor. Petit il les faisait disparaître si souvent dans « sa cachette ». La police australienne alliée à des organismes privés se sont invités dans son arène légale à Camberra ; Jarra comprend maintenant la limite entre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas : celui qui le nourrit a des ennuis. Ils viendront bientôt ici, dans le fin fond du Désert de Tanami, et ils saisiront tout ce qu’ils pourront, et Jarra finira dans une cage. Andrew dit que c’est une « taupe », ça arrive souvent, c’est déjà arrivé à Keo par le passé, il suffit de…disparaître. L’idée plaît à l’araignée géante, même s’il ne comprend pas tous les rouages de cette « disparition ». Les semaines qui suivent, l’arène ferme ses portes et Keo place ses meilleurs esclaves chez des connaissances en réinitialisant leurs puces afin qu’ils puissent concourir dans les arènes légales. Les autres finissent au Marché Noir. Jarra voit son petit monde se rétrécir et il cherche sur les visages de Keokalan et d’Andrew des réponses aux questions qu’il pose. Il voit la main qui le nourrit écrire beaucoup, adresser des lettres et des mails et puis un soir… « Je suis Keokalan Soô pour toi, et Andrew est Andrew Steel pour toi. Nous devons quitter le pays, Jarra. Tu comprends ? Et changer d’identités. » Pourtant, leur retraite ne se passe pas exactement comme prévu. En gagnant Camberra pour régler les derniers détails avec ses contacts, Keokalan ne sait pas qu’il ne reviendra jamais. Arrêté par la police, il préfère se suicider que de perdre ses pouvoirs ou d'aller en prison, en ingérant une capsule d’argent liquide gardée dans une bague qu’il portait en permanence. Quand Andrew reçoit un coup de téléphone, Jarra est dans la serre, il ouvre les yeux et se rapproche pour écouter la conversation : le maître d’armes est en colère et des larmes ravagent son visage, il aimait – Jarra comprend cela maintenant – la main qui nourrit. Il faut agir vite désormais, l’étau se resserre. Andrew ne peut prendre le risque de quitter le pays par les voies conventionnelles pour le moment, encore moins avec un hybride de combat de 2.13m au bras. Il confie Jarra à un revendeur du Marché Noir qui désactive sa puce, le vampire est ravi : ça lui fera une bonne publicité, décidément les affaires sont bonnes depuis que Monsieur Soô ferme boutique ! On se dit au revoir rapidement, et quand Andrew flatte l’épaule du colosse, celui-ci ne peut s’empêcher de vouloir le retenir au fond de lui. Une page se tourne, il doit encore apprendre. Dans la poche de son seul vêtement, les lunettes brillantes sont cassées. -------------------------------------------------------------------------------------------- Le Chinois – il n’a pas retenu et surtout pas compris son prénom – lui a dit d’attendre. Il dit « sagement » alors il ne comprend pas. Du moins il suppose qu’il ne doit pas trop bouger, trop remuer. On lui a mis une muselière en cuir et un collier qui envoie des décharges électriques, et ses poignets sont liés. Il a déjà tué deux humains chargés du nourrissage, à travers les barreaux il les a saisis, leur a tordu le cou et puis…il a relâché les corps. C’était parce que le Chinois avait oublié de le nourrir : maintenant il est toujours à l’heure. Le vent glisse contre sa peau nue, il porte juste un bas ample, les pieds dans le sable devant la tente principale. Et il attend. Un 4X4 arrive au bout d’un temps qu’il ne sait pas mesurer et c’est Andrew qui descend. Le maître d’armes sourit, Jarra reste immobile mais quelque chose se met en branle en lui. Ça lui semble venir d’une époque lointaine ; combien de temps qu’il a traversé l’océan dans une cale ? Des semaines, des mois peut-être. Les mains d’Andrew se portent autour du visage à la peau grisâtre et comme autrefois, elles touchent, puis ôtent la muselière sous le regard méfiant du Chinois. Mais rien ne se passe. L’araignée mastique, humidifie ses lèvres et se masse le menton d’une large paume ; il questionne du regard l’homme : comment a-t-il traversé ? est-il en sécurité ? Keokalan est-il vraiment mort ? que fait-il à présent ? Andrew répond à toutes les questions posément, il s’est réfugié en Russie et vient laisser des instructions pour « prendre soin de Jarra ». Il ne peut le prendre, il veut essayer de « recommencer ». Il a apporté de la viande fraîche pour le combattant et des documents pour le Chinois, et le futur propriétaire. Et une lettre. De Keokalan. Andrew la lit, sous les étoiles du désert, de sa voix forte qui résonne dans les os de l’araignée. ----------------------------------------- Ma mère disait que nos ancêtres descendaient d’unions métis, quand James Cook avait mis le pied en Australie. Leur sang coule dans mes veines. Ça ne fait pas de moi un authentique aborigène, mais j’ai adopté leur culture, leurs mythes, ils ont bercé mon enfance et ma vie d’adulte, et à travers les guerriers que j’ai formés, j’ai essayé de transcrire cela, j’ai essayé de me créer une culture que je n’avais pas pu éprouver avant mes 16 ans, quand j’ai quitté l’Angleterre pour mes études. Je m’exprime mal…je voudrais être explicite, je voudrais connaître ces ancêtres. Le temps a passé, des générations avant que l’opportunité ne se présente et que je me décide à « adopter », réellement. Naatajarra a vite dépassé toutes mes attentes, incapable de s’adapter : c’était au monde autour de lui de l’atteindre et de se modeler à sa compréhension. Je n’ai jamais pensé qu’il était idiot, son intelligence est ailleurs, je l’ai voulu primitif, animal, sauvage. Ma plus grande réussite, mon…enfant. J’ai mis du temps à accepter qu’il avait cette place ; j’espère qu’il ne lira jamais ces mots ! Il se souviendrait des quelques cours de biologie que j’ai tentés de lui inculquer, du principe de famille…peut-être. La majeure partie du temps, les échanges étaient unilatéraux, j’ai vite compris que je ne pourrais pas lui apprendre à lire, à peine à écrire, griffonner quelques signes, quelques mots, lui qui entendait si mal. Il maîtrise quelques « termes » de la langue des signes, mais n’en use que rarement, préférant le contact visuel comme langage, et ce instinctivement. Les livres. Il les adorait. Les lettres plus que les images, je crois qu’il voyait en elles de minuscules semblables immobiles qui s’animaient quand on parvenait à les décrypter, effort qu’il ne faisait pas, n’était pas capable de faire. Après tout j’avais demandé un combattant, pas un érudit, mais sa sensibilité me touchait, était touchante pour quiconque savait le regarder « autrement », comme lui était capable de regarder. Les subtilités du langage ou de la communication averbale lui sont étrangères, mais un jour il a sorti un livre de la bibliothèque, sur les symboles aborigènes. J’avais pour projet – je l’avoue, depuis longtemps – de le faire tatouer pour le sublimer, et il m’a donné ce jour-là l’occasion que j’attendais. Quoi de plus obscur que la mythologie pour un homme ? Alors pour Jarra… Mais par quelques démonstrations « magiques » laissées volontairement sans explications rationnelles (j’utilisais la télékinésie), je suis parvenu à lui enseigner l’idée de « divinité », incarnée dans un animal, une plante : il fallait rester vraisemblable tout de même. Quand je lui ai dit que cela le protègerait, le rendrait plus fort, je ne m’attendais pas à ce qu’il accepte si docilement les tatouages. Sa tolérance à la douleur est colossale, on dirait qu’il vit hors de son corps, et, comme les animaux, n’exprime pas la souffrance. Pourtant il souffre, il pleure, il est triste. Ses yeux et son aura me le disent. Serai-je toujours là pour veiller sur lui ? Le voir évoluer, grandir, changer, lui qui semble si immuable au premier regard. Il a tant à apprendre encore, et je n’ai aucune certitude sur l’avenir. Quand il a combattu pour la première fois, c’était une brute. Le sang, c’était tout ce qui importait, l’intéressait. Et puis à force d’entraînement, à force d’observation des autres, il a canalisé cette rage naturelle et s’est créé un genre hybride de combat : le plus efficace qui soit dans la Nature. Il tenait réellement de l’araignée, des araignées. Mais à aucun moment je n’ai songé que j’avais créé un monstre. Si je disparaissais, je ne veux pas qu’il s’ennuie, qu’il dépérisse : nourrissez sa curiosité, ne le brimez pas ! Qui que vous soyez, il est précieux, infiniment précieux, mais il faut « ouvrir les yeux » pour le savoir. Comme lui. Ouvrir…les…yeux. 18 août 2495
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Mar 8 Jan - 21:11 Naatajarra
Messages : 53 |
Félicitations, tu es VALIDÉ ! Et voilà ! Tu peux dès à présent remplir ou mettre à jour ta fiche de joueur, et ensuite, recenser ton personnage ! Ensuite, n'hésite pas si tu as envie à :
Amuse toi bien sur le forum |
Sam 19 Jan - 19:25 Engel F. Schwarzen
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