Il n’a pas de cicatrices. Tout comme lui, son corps ne porte pas d’histoire.

• Patient, méticuleux, il note conscieusement les événements de sa vie quotidienne – discussions, rencontres, pensées, sentiments… - au fur et à mesure qu’ils se produisent dans des journaux dont il ne se sépare jamais. Une fois achevés, ils sont rangés avec leurs pairs au sein de grandes bibliothèques dans la résidence qu’il partage avec son esclave et un vampire qui affirme être un de ses vieux amis. Ces journaux remontent à plusieurs siècles, et les plus anciens sont en très mauvais état.
• Malgré son âge supposément extrêmement avancé, il n’est pas particulièrement mature et ne cumule pas de nombreux savoirs et savoir-faire : toutes ses expériences passées sont irrémédiablement perdues, et les enseignements qu’il en avait alors tiré avec. Son caractère est en majeure partie libre, mais ce point doit toujours être gardé en tête.

• Il n’est pas le premier cas recensé de l’histoire : le phénomène, bien que rarement observé, touche parfois certains vampires dont l’existence se compte en plusieurs millénaires. Certains avancent une cause physiologique et voient là la preuve des limites du corps humain, dont le cerveau - qui ne possède théoriquement pas les capacités suffisantes pour emmagasiner une infinité de souvenirs - finit par saturer et causer ces troubles majeurs; d’autres réfutent cette thèse et défendent des causes purement psychologiques. Quoiqu’il en soit, l’hypnose et les méthodes traditionnelles ne sont d’aucune aide.

• Incapable de travailler, il touche une pension d’aide aux personnes handicapées. Lorsque l’esclave qui l’assiste au quotidien décède, généralement de vieillesse, il est aussitôt remplacé sans que Sen ne s’en rende jamais compte : tous ses esclaves sont considérés comme la même personne et appelés par le même prénom depuis des siècles, et chaque tentative de le corriger est vouée à l’échec et l’incompréhension.

• Un traitement expérimental diminue ses troubles et lui permet de mener, si ce n’est une vie normale, au moins une vie tout court. Il est capable d’avoir une certaine vie sociale, de se rappeler de choses qui se sont produites jusqu’à quelques heures auparavant, et il n’oublie jamais sa condition médicale – tout du moins jamais bien longtemps. Il a une vague conscience de l’organisation de la société et s’accroche à quelques repères stables dans sa vie quotidienne, bien qu’il soit incapable d’indiquer le siècle ou le pays dans lequel il se trouve sans ouvrir son journal le plus récent. A chaque réveil, il consulte religieusement ses notes de la veille, et les personnes qu’il a rencontré sont toutes recensées dans un carnet à part qu’il consulte chaque fois que quelqu’un semble le connaître.